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Les quatre mesures infirmières essentielles pour les soins aux mourants

Au Canada, plus de 70 % des décès surviennent dans des établissements de santé, alors que la majorité des personnes préfèrent finir leurs jours chez elles. Les directives cliniques recommandent un accompagnement individualisé, mais la charge de travail et le manque de ressources compliquent l’application de ces principes. Les situations familiales complexes et les divergences d’opinion entre soignants et proches ajoutent une tension supplémentaire.

La législation encadrant les soins palliatifs évolue, obligeant les équipes à réévaluer en permanence leurs pratiques. Des protocoles stricts cohabitent avec des décisions éthiques souvent difficiles, mettant en lumière le rôle central de l’infirmière dans l’accompagnement des mourants.

Comprendre les enjeux des soins infirmiers en fin de vie au Canada

Les soins palliatifs, au Canada, se déploient dans un contexte où attentes sociales, contraintes institutionnelles et valeurs professionnelles s’entremêlent chaque jour. Les infirmières et infirmiers se retrouvent à la croisée des chemins : répondre à la demande de dignité, accompagner la souffrance, composer avec des ressources limitées. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) insiste : chaque personne malade devrait pouvoir vivre ses derniers instants dans la meilleure qualité de vie possible. Pourtant, selon la revue infirmière canadienne, un tiers des Canadiens passent leurs derniers jours sans accompagnement spécifique adapté. La disparité d’accès aux unités de soins palliatifs reste criante d’une province à l’autre.

Dans ce contexte, le rôle des professionnels de santé ne se limite pas à la technique : ils doivent aussi offrir écoute, clarté et stabilité, tant aux patients qu’à leurs familles souvent déboussolées. La formation évolue pour s’ajuster à la complexité croissante des situations rencontrées. Malgré les ambitions du plan national de développement des soins palliatifs, nombreux sont ceux qui attendent encore une amélioration concrète sur le terrain.

L’expérience n’a pas de prix : une équipe soudée, formée, capable de mobiliser des ressources spécialisées et d’intégrer les recommandations internationales, parvient à mieux soutenir les patients. Mais, au cœur de chaque démarche, subsiste une exigence inflexible : respecter la volonté du patient, préserver sa qualité de vie, et l’accompagner sans jamais dévier de cette ligne de conduite.

Quels gestes essentiels pour accompagner dignement les personnes mourantes ?

Quatre gestes structurent l’accompagnement des personnes en fin de vie, véritables piliers pour garantir un cadre digne et humain. Voici ce que mobilisent concrètement les équipes sur le terrain :

  • Apaiser les symptômes : Soulager la douleur, la gêne respiratoire, l’angoisse. Les soignants ne se contentent pas de protocoles : ils ajustent chaque intervention, veillent, rassurent, adaptent, pour offrir un confort réel, tangible.
  • Soutenir l’autonomie et la dignité : Maintenir le plus possible la capacité d’agir du patient, respecter ses choix au quotidien, l’aider dans la toilette, l’alimentation, la mobilisation. Le recours aux directives anticipées ainsi qu’à la personne de confiance permet de sécuriser les décisions, surtout quand la communication devient difficile.
  • Impliquer l’entourage : Le soutien ne s’arrête pas au patient. Les proches ont besoin d’être informés, écoutés, soutenus dans leur parcours de deuil naissant. L’équipe pluridisciplinaire veille à la cohérence de l’accompagnement, pour que personne ne se sente abandonné face à l’inconnu.
  • Limiter ou arrêter les traitements curatifs : Lorsque la poursuite des soins ne sert plus le confort ni la qualité de vie, la décision d’arrêter les traitements est prise collectivement, en s’appuyant sur la volonté du patient. La sédation profonde et continue ne s’envisage qu’en dernière instance, lorsque toute alternative s’épuise, pour garantir une fin de vie sans souffrance non maîtrisée.

Jeune infirmier discutant avec une femme âgée dans un cadre chaleureux

Respect, éthique et soutien : le cadre déontologique au cœur des pratiques infirmières

L’engagement éthique s’exprime à chaque instant, particulièrement en soins palliatifs. Chaque demande, chaque parole, chaque silence compte. La loi Clayes-Léonetti encadre strictement la sédation profonde et continue, tout en imposant le refus de l’acharnement thérapeutique et la lutte contre l’obstination déraisonnable. Mais, bien au-delà des textes, ce sont les attitudes et les choix quotidiens qui forgent la confiance avec les familles et les patients.

Le socle déontologique se structure autour de plusieurs exigences auxquelles les équipes ne dérogent pas :

  • Tenir compte des directives anticipées et de la volonté exprimée, même dans la vulnérabilité extrême.
  • Respecter sans faille le code de déontologie et le code pénal, pour garantir la sécurité de tous.
  • Exclure toute démarche assimilable à l’euthanasie, en accord avec la législation canadienne.

Ce quotidien expose à des émotions vives : tristesse, sentiment d’impuissance, culpabilité surgissent parfois, même chez les plus aguerris. La fatigue de compassion, ce poids qui s’accumule à force d’accompagner la douleur, n’épargne personne. C’est pourquoi l’esprit d’équipe, les temps de parole partagée et la supervision sont devenus des repères précieux pour protéger la santé mentale des soignants.

Reconnaître la difficulté de ces missions, c’est ouvrir la voie à des pratiques respectueuses, centrées sur la personne, sans jamais sacrifier la dignité du patient ni l’équilibre du soignant. Face à l’inéluctable, l’humanité reste la meilleure alliée.